Cérémonies ce mercredi 27 mai 2015 au Panthéon

 
Ce mercredi 27 mai au Panthéon :
 
Germaine Tillion, c’est l’égalité. L’égalité entre les hommes et les femmes, l’égalité entre les cultures, l’égalité entre les peuples. »,
 
« Geneviève Anthonioz-De Gaulle, c’est la fraternité. La fraternité dans la Résistance, fraternité dans la déportation, la fraternité pour la condition humaine. »,
 
« Pierre Brossolette, lui, c’est la liberté. » et
 
« Jean Zay, c’est la République ».
 
François HOLLANDE
 
 
 
Déroulé des cérémonies des 26 et 27 mai, sur le site de la Mairie de Paris:
 
 
Le 26 mai : Hommage des Parisiennes et des Parisiens avant leur entrée au Panthéon
 
Voir nos photos sur la page http://www.jzayenp.fr/432385777
 
 
Le 27 mai : Journée nationale de la Résistance et Cérémonie de Panthéonisation
 
Voir nos photos sur la page http://www.jzayenp.fr/432386146

et au Collège Jean ZAY de Rousset :

Veillée à la Sorbonne - La Résistance avec Jean Zay est entrée au Panthéon

26 mai 2015:
Hommage public du monde scolaire et universitaire
Veillée à la Sorbonne
 
 

Interprétations musicales et lectures:

27 mai:
 
"Toute la Résistance avec Jean Zay est entrée au Panthéon"
 
 

François HOLLANDE(photo JHM)

Tout le gouvernement est là, les présidents des deux assemblées, d’anciens premiers ministres dont Lionel Jospin, la maire de Paris, le président du Conseil constitutionnel, des présidents de région dont François Bonneau près de Jean-Pierre Sueur, sénateur socialiste du Loiret. Sous la tente de gauche la presse nationale et internationale occupe tous les gradins tandis que les caméras des télévisions assurent une retransmission en direct Sur les côtés, des jeunes des écoles, élémentaires, des collèges, des lycées et des universités assis sur des chaises ouvrent grand les yeux et les oreilles, impressionnés et pensifs. Gabriel, l’arrière-petit-fils de Jean Zay, se trouve parmi eux.

Partis de la Sorbonne où ils avaient été honorés la veille, portés chacun par six gardes républicains, les cercueils remontent à pas lents la rue Soufflot suivi par une foule imposante et silencieuse massée derrière des barrières. Pour illustrer à la fois la participation de l’ensemble de la Nation à l’événement et l’importance de la transmission à la jeunesse de la mémoire et des valeurs de la Résistance, devant chaque cercueil recouvert d’un drapeau tricolore un jeune porte une pancarte avec le nom de la personnalité, un autre le portrait de celle-ci réalisé par Ernest Pignon-Ernest. Derrière chacun d’eux un groupe de 30 personnes arborant un tee-shirt orné du même portrait.

Lentement le cortège avance tandis que la Musique de la Garde républicaine dirigée par le lieutenant-colonel Antoine Langagne interprète depuis le parvis le « Panis Angélicus » de César Franck, musique douce et tendre qui souligne l’aménité des quatre regards des panthéonisés dont les portraits regardent la foule depuis la façade du monument. .
Tandis qu’on installe les catafalques retentit « la complainte des partisans, puis le « chant des marais » interprétés par le Chœur de l’armée française.

Le considérable bilan de Jean Zay

Alors François Hollande s’avance et entame son discours qu’il a souhaité l’un des plus marquants de son quinquennat. «  Ces deux femmes et ces deux hommes ont en commun d’avoir fait de leur vie un destin et d’avoir donné à leur patrie une destinée », dit-il. De l’action de chacun d’eux, il dresse un bilan et s’attarde sur celui de Jean Zay, ministre de l’Education nationale pendant 40 mois.

Il en profite pour établir un lien avec l’actuelle réforme du collège. Najat Vallaud-Belcassem, l’actuelle ministre, en sourit de plaisir. « Celui de Jean Zay comme Ministre de l’Education est considérable. La République lui doit les trois degrés d’enseignement, l’unification des programmes, la prolongation de l’obligation scolaire, les classes d’orientation, les activités dirigées, les enseignements interdisciplinaires, la reconnaissance de l’apprentissage, le sport à l’école, les œuvres universitaires. Son audace réformatrice ne s’arrêta pas là .C’est Jean Zay qui conçut le Centre national de la recherche scientifique. C’est Jean Zay qui créa le Musée des traditions populaires, le Musée d’art moderne la réunion des Théâtres nationaux et même le Festival de Cannes.

Les blocages furent multiples. Les oppositions rudes, les préjugés nombreux .Mais il tint bon parce que la justice sociale exige que, quel que soit le point de départ chacun puisse aller dans la direction choisie aussi loin et aussi haut que ses aptitudes le lui permettent. Ce projet est toujours le nôtre. C’est par l’École, que la République reste fidèle à sa promesse. »

 « En République, la compassion s’appelle fraternité »

 

Il souligne le courage et l’intelligence de Pierre Brossolette qui, torturé, n’a pas parlé et a préféré se défenestrer de peur de perdre sa conscience, l’attention porté aux démunis par Geneviève de Gaulle-Anthonioz, son engagement contre la pauvreté. En ce qui concerne Germaine Tillion il établit à nouveau un parallèle avec la situation actuelle « Aujourd’hui elle serait dans le camp des réfugiés qui accueillent les exilés de Syrie et d’Irak. Elle appellerait à la solidarité pour les Chrétiens d’Orient. Aujourd’hui, elle se serait mobilisée pour retrouver les filles enlevées par Boko Haram. Pour elle, la compassion n’est pas la charité. Elle n’est pas une élégance de l’âme, elle est une force de l’esprit. Elle est l’honneur d’une Nation. En République, la compassion s’appelle fraternité »

Ayant comme à son habitude recours à de nombreuse anaphores, il conclut, « Les morts de la France ne demandent pas de les plaindre, mais de les continuer. Ils n’attendent pas de nous un regret, mais un serment. Pas un sanglot, mais un élan. Ce message résonne en cet instant en chacun d’entre nous. Continuer. Jurer que nous serons fidèles à ceux qui sont tombés pour notre Liberté »

Vivement et longuement applaudi debout par ceux qui se trouvaient dans les tribunes, et par la foule massée dans la rue Soufflot qui suivait la cérémonie sur écran géant, le chef de l’Etat arborait un sourire qui en disait long.

Après la cérémonie, un François Hollande radieux prend le temps de saluer les dizaines d’adolescents issus des établissements scolaires qui portent le nom des quatre panthéonisés. Et de s’offrir un bain de foule

Le public est alors autorisé à se rendre dans le Panthéon. Jeudi, après une nuit passée au rez- de- chaussée du monument, les cercueils seront descendus dans la crypte qui couvre l’ensemble du bâtiment en la seule présence de leurs familles.

F.C.

 

Lisez le discours complet du Président:

 “Cérémonie d’hommage solennel de la Nation à Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay”

 

http://www.elysee.fr/declarations/article/ceremonie-d-hommage-solennel-de-la-nation-a-pierre-brossolette-genevieve-de-gaulle-anthonioz-germaine-tillion-et-jean-zay-pantheon-3/

 

Revivez la cérémonie d'hommage au Panthéon minute par minute sur BFM TV

 
27/05/2015 à 07h17 Mis à jour le 27/05/2015 à 19h06
 

 

27 mai: Voyez la cérémonie au Collège Jean ZAY de Rousset:

Madame Valérie Thiebaut Marro-Dauzat parle au nom de l’Association Jean Zay en Provence,
en présence des porte-drapeaux de plusieurs associations d’Anciens Combattants . Photo LN

La Marseillaisejeudi 28 mai 2015 11:34

http://www.lamarseillaise.fr/bouches-du-rhone/societe/39128-a-rousset-en-prelude-a-la-pantheonisation-de-jean-zay

A Rousset, en prélude à la panthéonisation de Jean Zay

Les collégiens associés à la commémoration. PHOTO : C.D.

Anciens combattants et collégiens ont honoré Jean Zay et la Résistance.

 

« Jean Zay, c’est la république. Jeune ministre du front populaire à 31 ans, il laisse, en quelques années, une œuvre considérable » rappelle, dans son allocution Valérie Thiebaut Marro-Dauzat au nom de l’Association Jean Zay en Provence lors de la cérémonie d’hommage à celui qui a donné son nom au collège de Rousset. Son président Jacques Misguich, ardent défenseur de la mémoire de ce résistant, étant présent aux cérémonies officielles à Paris. Une délégation de collégiens roussétains est partie le matin même pour Paris, eux aussi invités aux cérémonies accompagnés de Jean-Louis Canal, maire de la commune.


« L’entrée des quatre personnalités au Panthéon, c’est l’esprit de la résistance qui est honoré. C’est un exemple pour les jeunes générations » déclare Magali Flageat, conseillère municipale qui précise dans le message de Norbert Bernard adjoint à la culture, lui aussi en route pour Paris : « Toute société a besoin de symbole comme le Panthéon. Honorons Jean Zay qui a transformé l’école ».
La Résistance honorée avec une pointe de regret, l’absence au Panthéon d’une partie importante de la Résistance Française au sein du Conseil National de la Résistance tels les communistes et cégétistes qui ne sont pas représentés.

Claude Duret

Jean Zay, ministre de l'éducation nationale dans le gouvernement de Léon Blum.

Jean Zay, un républicain aux avant-postes du combat antifasciste

LE MONDE | 27.05.2015 à 06h51 • Mis à jour le 28.05.2015 à 13h55 | Par Thomas Wieder

Au moment de le nommer au gouvernement, le 4 juin 1936, Léon Blum lui aurait téléphoné pour lui dire : « Il faut un jeune à l’éducation nationale. » Jeune, Jean Zay le sera resté toute sa vie. Député à 28 ans, ministre à 31 ans, il n’a que 39 ans quand des miliciens l’abattent au pistolet-mitrailleur dans un petit bois proche de Vichy, avant de jeter son corps dans un puits pour le faire disparaître.

Avant de devenir le plus jeune ministre de la IIIe République, Jean Zay aura été l’un de ses plus brillants espoirs. Né à Orléans le 6 août 1904, fils d’un journaliste juif et d’une institutrice protestante, deux fois lauréat au concours général, cet avocat féru de littérature fait partie de la jeune génération qui, au début des années 1930, tente de dépoussiérer le vieux Parti radical. Plus sensibles que leurs aînés aux questions économiques et internationales, soucieux de moderniser l’Etat pour le rendre plus efficace, ces « Jeunes-Turcs », comme on appelle alors ce petit groupe auquel appartiennent aussi Pierre Cot et Pierre Mendès France, sont aux avant-postes du combat antifasciste et comptent parmi les premiers défenseurs d’une alliance entre radicaux, socialistes et communistes en vue des législatives de 1936.

Modernisateur de l’école

Architecte du Front populaire, Jean Zay en sera l’une des pièces maîtresses. Rue de Grenelle, son objectif est double : démocratiser et moderniser l’enseignement. C’est dans cet esprit qu’il décide de prolonger l’âge de la scolarité obligatoire de 13 à 14 ans. Dans cet esprit aussi que, faisant siennes les réflexions du courant dit de l’« école unique », il décide de s’attaquer à un système qui ne tient que très imparfaitement la promesse républicaine d’égalité des chances.

Fondé sur la coexistence de deux écoles primaires publiques – l’école communale, gratuite, et les « petites classes » des lycées, payantes –, ce système survivra certes à Jean Zay. Mais celui-ci aura tout de même beaucoup fait pour l’ébranler, même s’il dut pour cela le faire par décrets, notamment lorsqu’il s’agit d’unifier les programmes de l’enseignement primaire supérieur et ceux du premier cycle de l’enseignement secondaire, ainsi que de créer, à titre expérimental, quelque 200 « classes d’orientation » au niveau de la sixième.

Modernisateur, Jean Zay le sera aussi en matière de pédagogie. Ouvert aux expérimentations, il souhaite que les professeurs d’une même classe s’entendent afin de renforcer la « collaboration des diverses disciplines », comme l’indiquent, en 1938, ses Instructions pour le premier cycle du second degré.C’est aussi un ardent promoteur des activités dirigées, convaincu qu’il faut « donner à nos jeunes élèves l’impression que, s’évadant en quelque sorte de la discipline de l’enseignement, ils prennent un libre contact avec ce monde où bientôt ils vivront ».

Mais durant son passage au gouvernement, Jean Zay ne réserve toutefois pas son volontarisme au seul secteur de l’éducation. Dans les autres domaines sur lesquels s’exerce sa tutelle, la recherche scientifique dès 1936 puis les loisirs et les sports l’année suivante, c’est le même activisme qui est à l’œuvre. Entouré de sous-secrétaires d’Etat restés célèbres, comme Irène Joliot-Curie, Jean Perrin et Léo Lagrange, Jean Zay joue un rôle décisif dans la création du CNRS, du Musée d’art moderne, de la Réunion des théâtres nationaux et du Festival de Cannes, dont la première édition aurait dû se tenir à l’automne 1939, si la guerre n’avait pas éclaté.

L’espoir de continuer la guerre

La guerre, justement. Pour l’antimunichois résolu qu’est Jean Zay, il est impensable de s’y dérober. Le 3 septembre 1939, le jour même de l’entrée en guerre de la France contre l’Allemagne, il présente donc sa démission au président du conseil, Edouard Daladier, afin, écrit-il, de « partager le sort de cette jeunesse française pour laquelle j’ai travaillé de mon mieux au gouvernement depuis quarante mois ». Quelques jours plus tard, l’ancien ministre devenu sous-lieutenant est affecté à la 4e armée, dans le régiment du train, sur le front de Lorraine.

Arrive juin 1940, la débâcle et la demande d’armistice. En ces jours tragiques où des millions de Français prennent la route de l’exode, Jean Zay, comme Georges Mandel et Pierre Mendès France, fait partie des 27 parlementaires qui embarquent à Bordeaux sur le Massilia, dans l’espoir de continuer la guerre depuis l’Afrique du Nord. Dès son arrivée au Maroc, il est arrêté, ramené en France, accusé de « désertion en présence de l’ennemi », jugé expéditivement par le tribunal militaire de Clermont et condamné à la déportation perpétuelle. La peine, jamais prononcée depuis Dreyfus, se mue en emprisonnement.

Pour l’extrême droite, l’heure de la revanche a sonné. Avec Jean Zay, un républicain franc-maçon de père juif et de mère protestante, elle tient ce qu’elle déteste plus que tout. Avant-guerre déjà, Léon Daudet dénonçait dans L’Action française le « juif torche Zay » tandis que Céline, dans L’Ecole des cadavres, assurait que, « sous le négrite juif Jean Zay, la Sorbonne n’est plus qu’un ghetto ». Désormais, la haine se déverse en toute impunité contre celui qui, dans sa prison de Riom, est en contact avec la Résistance et rédige ce qui reste l’un des plus bouleversants témoignages des années d’Occupation (Souvenirs et solitude, Belin, 2011). Jusqu’à sa dernière lettre, écrite la veille de sa mort et dans laquelle « le plus lucide parmi nous », selon le mot de Mendès France, livrera cette ultime confidence : « Je n’ai jamais été si sûr de mon destin et de ma route. J’ai le cœur tranquille. Je n’ai aucune peur. »

  • Thomas Wieder
    Rédacteur en chef - chef du service France


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Photo JHM