Débarquement et .... Libération

La COMMEMORATION d’Août 1944:
 
 La Provence” publie le 19 août 2015:

La Provence du 19 août 2015

 La Marseillaise” titre ce 22 août 2015:
Commémoration de la Libération:

La Marseillaise 22 août 2015.
(2e Photo: Asso Jean Zay en Provence)

 


 

Dans "LE MONDE": « Les réfugiés d’aujourd’hui me rappellent mon père fuyant le nazisme »

Des adolescents afghans à un check-point près de la ville hongroise de Roszke, le 3 septembre.
Santi Palacios / AP

Guy Sorman (*) publie dans LE MONDE:
 

« Les réfugiés d’aujourd’hui me rappellent mon père fuyant le nazisme »

 LE MONDE | 03.09.2015 à 06h54 • Mis à jour le 04.09.2015 à 03h18 | Par Guy Sorman (Essayiste)
 

Il est parfois nécessaire de comparer ce qui n’est pas comparable. Ne serait-ce que pour éveiller les consciences anesthésiées. Entre 1933 et 1940, plusieurs millions de réfugiés échappés d’Allemagne, de Pologne, des pays baltes, fuyant le nazisme, se heurtèrent à des frontières fermées. Ils s’appelaient Nathan, Samuel ou Rachel. Nathan, par exemple, prescient, fuit l’Allemagne dès l’été 1933, cinq mois après la prise de pouvoir d’Adolf Hitler. Il veut partir pour les Etats Unis : refus de visa. Il tente l’Espagne, également refusée. Un peu par hasard, il échoue en France qui ne l’accueille pas mais ne le refoule pas non plus. Ce n’est qu’à partir de 1938 que le gouvernement Daladier, issu de la chambre du Front populaire, livra aux Allemands les juifs qui tentaient de passer en France.

Nathan survécut au régime de Vichy, en rejoignant dans les Pyrénées les rangs – clairsemés – de la Résistance, aux côtés de républicains espagnols, rescapés de la guerre civile. Nathan avait dix frères et sœurs, tous assassinés dans les camps de concentration nazis et sa mère, morte de faim dans le ghetto de Varsovie. Ces six millions de victimes de la Shoah ne suscitèrent pas – en dehors du peuple juif – une grande émotion, jusqu’au procès d’Adolf Eichmann à Jérusalem en 1961.

Auparavant, l’extermination des juifs avait été immergée dans l’inconscient collectif, comme une sorte d’accident collatéral de la guerre mondiale. Franklin Roosevelt et Winston Churchill, informés de leur situation, dès 1933, avaient toujours refusé que ce que l’on n’appelait pas encore la Shoah, ne les détourne de leur stratégie globale, la défaite des nazis et l’alliance avec le régime de Joseph Staline.

Les réfugiés d’aujourd’hui

Venons-en à ce qui n’a aucun rapport avec ce qui précède : la fuite, par millions, des réfugiés de Syrie, d’Irak et d’Erythrée. Sans rapport parce que Latifa, Ali et Ahmed ne sont pas massacrés avec la même efficacité industrielle que le furent Samuel, Nathan et Rachel ? Sans rapport pourquoi ? Devrait-on croire que ceux-là courent le risque de se noyer dans la Méditerranée, de mourir étouffés dans un camion, de crever de soif sur une route grecque, parce qu’Ali, Latifa et Ahmed sont des touristes ou trivialement à la recherche d’un emploi en Angleterre ?

Non, eux aussi fuient l’extermination : ils prennent le risque de mourir noyés parce qu’ils savent que l’alternative c’est d’être gazé, mitraillé, bombardé, affamé. Ce n’est pas la Shoah. Ou n’est-ce pas encore la Shoah ? Comment, d’ici quelques années, nommera-t-on cette marée humaine qui déferle vers l’Europe ? Comment justifiera-t-on dans nos livres d’histoire et nos lamentations officielles cet exode que les Européens, les peuples et leurs gouvernements, tentent de réduire à une « crise » technique qui exigerait seulement quelques ajustements légaux dans la définition du statut de réfugié ?

Si Nathan était encore en vie, je ne doute pas un instant de ce qu’il reconnaîtrait en Ali ou Ahmed, son propre visage, son propre destin, sa propre détresse. Nathan reconnaîtrait tous les arguments qui, en son temps, lui furent opposés à ces mêmes frontières : la situation économique en Europe de l’Ouest ne permettait pas de l’intégrer, l’opinion publique n’était pas favorable aux étrangers, les juifs et autres métèques étaient déjà trop nombreux pour qu’un gouvernement se risque à en accueillir plus. Nathan n’exagérait-il pas la menace qui pesait sur lui et les siens ? Ce M. Hitler finirait bien par devenir raisonnable…

L’Europe, une accumulation métisse

Le dictateur de l’Erythrée, Issayas Afewerki, Bachar Al-Assad, les bandes islamistes qui ravagent tout le Proche-Orient deviendront-ils raisonnables ? Nul, en Occident, n’agit pour qu’ils le deviennent. La seule initiative jamais envisagée, par François Hollande, pour bombarder le quartier général de Bachar Al-Assad fut bloquée – en 2013 – par Barack Obama, ce munichois. Le seul chef de gouvernement occidental qui prend actuellement la mesure réelle du drame et propose des solutions humanitaires à la mesure de ce drame est Angela Merkel. Allemande, elle sait, elle ne se réfugie pas dans des arguties juridiques ou économiques. Elle sait qu’Ahmed, c’est Nathan, soixante-quinze ans plus tard.

Les objections d’apparence rationnelles, on les connaît : ces gens-là qui ne sont pas européens ne sauraient s’assimiler et l’économie ne pourrait pas les absorber. Mais ce qui a l’air vrai est faux. Ces « réfugiés », acceptés en Europe, y apporteraient leur éducation et leur force de travail : pour la plupart ils sont jeunes et entreprenants comme en témoigne leur exil. La migration est une sélection tragique qui privilégie les forts contre les faibles. Les Etats-Unis se sont toujours développés plus vite que l’Europe grâce au dynamisme qu’y apportent les migrants. Tandis que l’Europe décline à mesure qu’elle vieillit.

L’intégration culturelle serait impensable n’est-ce pas ? L’objection paraît subtile mais suppose bizarrement que l’Europe soit culturellement, ethniquement, religieusement un pur joyau sans tache. L’Europe, en vérité, est une accumulation métisse, un creuset de cultures qui toutes ensemble font la civilisation européenne.

Il me revient qu’un ancien premier ministre, Michel Rocard, confronté à une immigration moindre, venue d’Afrique, avait cru régler le problème en déclarant que « l’Europe ne pouvait pas accueillir toute la misère du monde ». On rétorquera qu’à ce jour, la Jordanie, le Liban et la Turquie ont accueilli 3 millions de « réfugiés » et l’Europe… 300 000. Voici pourquoi j’ai honte pour l’Europe, son égoïsme, sa myopie historique et son arrogance de petit-bourgeois satisfait. Voici pourquoi, Ahmed est aujourd’hui mon frère ou Latifa ma sœur.

Car Nathan, voyez-vous, était mon père.

(*) Guy Sorman (Essayiste)

né en 1944 à Nérac, en Lot-et-Garonne, de parents juifsapatrides naturalisés français en 1947, a été élève à École communale de Sartrouville, puis au lycée Marcel-Roby à Saint-Germain-en-Laye.

 

De 1961 à 1964, Guy Sorman étudie le japonais à l'INaLCO. En 1961, il entre à Sciences Po et en sort diplômé deux ans plus tard, major de sa promotion. En 1967, il intègre l'ENA dont il sort en 1969 : promotion Jaurès

 


 

Jean Zay ... encore censuré à Peynier ?

Il y a un an notre association peynierenne était explicitement exclue par la Mairie de PEYNIER de la Journée des Associations,
 
et nous vous avions envoyé l’information ci-dessous:
 
 
“Jean Zay au Panthéon ... censuré à Peynier !"
  
 
“Un exemplaire du DVD du film “Dans la Lumière de Jean Zay” de Marieke Aucante, (qui avait été offert à tous les élèves du Collège Jean-Zay à Rousset) a été remis au conseiller municipal de la majorité, en charge de l’école, en le priant de bien vouloir le regarder et nous expliquer pourquoi Jean Zay serait censuré à Peynier ...”
   
Il y a un an “La Provence” publiait en effet:

Regardez

Les Actualités Françaises (INA) du 7 septembre 1945 :
 
Le ravitaillement de la France: la fin du marché noir ?
 
Démolition (de ce qui restait) du pont transbordeur de Marseille.
 
Fête de l'Humanité.
 
1ère réunion du conseil du contrôle allié.
 
Voyage du général de Gaulle en Amérique.
 
 

INVITATION: projection du film "Jean ZAY, Ministre du cinéma" - mercredi 30 septembre au CNRS

Alain Fuchs, président du CNRS
et
Le comité pour l’histoire du CNRS
 
ont le plaisir de vous inviter à la projection du film
 
« Jean Zay, ministre du cinéma » ...
 
et fondateur avec Jean Perrin du CNRS
 
réalisé par Alain Tyr et Francis Gendron, en collaboration avec Alain Braun
une coproduction Label Vidéo / Evasion vidéo / TVM Est Parisien
avec la participation de Ciné + et de BIP TV
 
en présence de Catherine Martin-Zay et d’Hélène Mouchard-Zay
 
Le mercredi 30 septembre 2015 à 18 heures
Auditorium Marie-Curie
CNRS - 3, rue Michel-Ange - 75016 Paris
 
Renseignements : denis.guthleben@cnrs.fr
 
Crédits photos, Comité pour l’histoire - Impression/Édition, secteur de l’imprimé, STL, CNRS campus Gérard-Mégie - Mise en page

Une projection privée pourrait être organisée prochainement à Peynier.

 


 

Inauguration du wagon-souvenir et APPEL NATIONAL DU CAMP DES MILLES

Gaëlle Lenfant

Région PACA: 
Inauguration du wagon-souvenir du Camp des Milles
 
lundi 21 septembre 2015
discours de Gaëlle Lenfant      
vice-présidente Région PACA
 
C’est un lundi, le 9 novembre 1992 que pour la première fois on inaugurait le « wagon souvenir ». 9 novembre 1992, 21 septembre 2015, je mesure avec vous notre avancée au long du Chemin dit des déportés, pour le réveil de la mémoire des Milles.
Cher Alain, tu me rappelais hier quelques épisodes marquants – l’enchainement aux grilles qui ont marqué cette histoire…
 
Et justement. Je tiens à rendre hommage en tout premier lieu à Alain Chouraqui, directeur de recherche émérite au CNRS, sans lequel rien de ce qui a été réussi ici n’eût été possible. Mon cher Alain, tu es l’illustration de ce que la pugnacité peut réaliser et un exemple pour nous tous. Je mets un point d’honneur aussi à saluer toute l’école historique d’Aix-en-Provence, notamment les professeurs Jean-Marie Guillon et Robert Menchérini ; ils ont formé nombre de jeunes universitaires, ils ont éclairé de leurs recherches l’histoire des années noires en Provence, facilitant ainsi la mobilisation des associations et fondations de promotion de l’histoire de l’internement, de la déportation et de la Résistance.
 
 
Je n’oublie pas non plus l’engagement de la SNCF dans cette oeuvre de mémoire, notamment du Comité d’établissement régional : les cheminots sont des femmes et des hommes de fidélité, de mémoire et de devoir. Mon grand-père était l’un d’eux, et c’est une famille que je connais bien.
 
Ce wagon est un symbole à plusieurs titres :
Symbole d’un passé odieux, d’une amnésie rampante, d’une mémoire trop longtemps occultée, aujourd’hui mise en exergue par la Fondation du camp des Milles pour la transmission aux jeunes générations.
Ce wagon, dans ce camp situé en « zone dite libre », est aussi le symbole de l’ignominie du régime de Vichy et de la complicité active de Pétain avec les crimes racistes de l’occupant nazi.
Plus généralement, cet élément de notre patrimoine est le symbole de l’horreur de la déportation qui réduit femmes, hommes et enfants au rang de bestiaux, alors même que ce sont leurs bourreaux qui faisaient montre d’inhumanité. La Shoah est précisément cette inversion, cette perversion des valeurs, ce mépris affiché pour la dignité humaine.
 
Le Camp des Milles a été un haut lieu de la Résistance par la culture, par cette liberté souveraine de l’esprit si chère à Jean Jaurès.
La culture, tous les oppresseurs veulent l’éradiquer, sachant trop combien elle fait ressurgir l’humanité et l’espérance aux creux des rêves de celles et ceux qui pensaient n’avoir plus même de larmes pour pleurer.
 
Comment, ici, aujourd’hui, ne pas effectuer un rapprochement avec l’actualité brûlante, européenne et internationale ? Le 18 août, Kamel El Asaad, directeur du site gréco-romain de Palmyre, a été assassiné par les membres de Daech ; cet homme de savoir et de culture est devenu le symbole des souffrances imposées aux peuples syrien et irakien, aux Chrétiens d’Orient, aux minorités, notamment aux femmes yazidies.
 
Cher Alain, dans ton ouvrage « pour résister », tu cites cette chanson de Goldman, « Né en 17 à Ledenstadt » L’auteur y fait une prière : «Et qu'on nous épargne à toi et moi si possible très longtemps D'avoir à choisir un camp »
Je crois malheureusement que cette prière est vaine. Et qu’il est temps de savoir ce que l’on a dans nos ventres.
 
 
L’appel contre le racisme lancé ici même hier ( * ) est d’une importance capitale et j’invite chacun à le lire et le faire vivre. Je vous en cite un court extrait : « Ne laissons pas ces idéologies polluer l’esprit public, contaminer les discours de certains élus dits modérés et détourner le débat démocratique du traitement sérieux des vrais problèmes sociaux, économiques, écologiques, sécuritaires, migratoires. »
 
Oui. En ces temps troublés de montée du racisme, de l’antisémitisme, de l’islamophobie et du terrorisme, nous devons être nombreux à résister clairement et fermement aux discours et aux actes de haine. Et toujours répondre. Répondre à ceux qui voudraient couler les bateaux au départ, à ceux qui sont aveuglés et aveuglent à leur tour, en liant menace terroriste et migrants sans aucun argument, dans le seul objectif de faire monter les peurs. Ne jamais laisser passer l’idée que le rejet et la haine seraient « politiquement correct »
 
L’histoire a donné tort aux vendeurs de peurs et de haine. Si nous sommes réunis aujourd’hui c’est pour le clamer. Elle leur donnera tort aujourd’hui encore : être français, être patriote et républicain c’est être fidèle à l’identité de notre patrie comme de notre région. C’est donc répondre à notre devoir d’accueil et de solidarité
 
Ici plus qu’ailleurs, nous réaffirmons notre espérance dans les mots d’Aragon : « se souvenir de l’avenir ».
 
 Gaëlle Lenfant
 
http://www.gaelle-lenfant.com/2015/09/inauguration-du-wagon-souvenir-au-camp-des-milles.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail

 

( * ) APPEL NATIONAL DU CAMP DES MILLES

LDH, LICRA, MRAP, SOS Racisme 20 septembre 2015

L’HISTOIRE ALERTE LE PRESENT

Veillons sur les valeurs de la République : Pas une voix pour les candidats du racisme et de l’antisémitisme !

« Le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire ». Albert Einstein

Racisme et antisémitisme progressent dangereusement. En France et dans le monde, ils provoquent la montée des haines et des violences, de plus en plus meurtrières. Ils sont nourris par des discours démagogiques qui se saisissent de difficultés objectives, de peurs et de colères pour justifier l’injustifiable : la désignation de boucs émissaires et leur exclusion, au prétexte de répondre aux problèmes qu’affrontent le monde et donc, nos sociétés.

Nous connaissons ces mécaniques ; elles ont déjà malheureusement marqué notre histoire et elles resurgissent dans les moments difficiles, car les crises favorisent discriminations et atteintes aux droits de l’homme. Nous savons qu’elles conduisent à exalter la force, à pratiquer la violence, à conjuguer la haine des faibles, des minorités et des étrangers. Nous savons qu’elles déstabilisent ainsi le vivre ensemble, l’ordre public, l’idée même d’un avenir commun.

Bien que dangereuses, ces idées sont aujourd’hui au cœur du débat public, dont elles donnent trop souvent le ton. Elles entendent conquérir encore du terrain lors des prochaines élections régionales. Il est urgent d’y porter un coup d’arrêt, il est décisif que nos voix bannissent racisme et antisémitisme du débat républicain. C’est pourquoi nos associations lancent d’une même voix un appel solennel aux électrices et aux électeurs, quels que soient leurs appartenances, leurs préférences, leurs choix politiques Nous avons choisi de le faire ensemble parce que nous sommes profondément opposés au racisme, à l’antisémitisme, à tous les discours et à toutes les politiques de haine et d’exclusion qui préparent, toujours, le pire.

Nous avons choisi de le faire au camp des Milles afin de rappeler que notre démocratie vit et se développe à l’ombre de l’histoire. Ce lieu, seul camp français d’internement et de déportation encore intact, témoigne en effet des persécutions et des déportations du régime de Vichy dont les héritiers et les défenseurs relèvent aujourd’hui la tête. Nous avons choisi de le faire parce que face à un danger sociétal aussi grave, nos Associations ne peuvent réussir seules et ont besoin de l’implication de tous. Tout indique que lors du scrutin régional la démagogie – singulièrement celle du FN mais pas uniquement -, le repli identitaire et le rejet de l’Autre vont être agités comme autant d’appels à la peur et à la haine.

Le camp des Milles fait comprendre la permanence de ces périls, il rappelle qu’on peut, qu’on doit leur résister. C’est ce à quoi nous appelons toutes et tous. Parce que le racisme et l’antisémitisme ont un potentiel explosif et contagieux, parce que les dynamiques qu’ils engendrent deviennent vite immaîtrisables, aucun candidat ne doit impunément s’autoriser à les banaliser ou les légitimer. Ne laissons pas ces idéologies polluer l’esprit public, contaminer les discours de certains élus dits modérés et détourner le débat démocratique du traitement sérieux des vrais problèmes sociaux, économiques, écologiques, sécuritaires, migratoires.

Aujourd´hui comme hier, ne rien faire, c’est laisser s’enclencher des engrenages mortifères pour la démocratie et pour chacun d’entre nous ; car la haine ne s’arrête ni aux frontières, ni aux « races », ni aux religions….

Nous en appelons à la capacité individuelle et collective à ne plus rien laisser passer, et à convaincre, autour de soi comme sur internet. Il en va de notre responsabilité à tous : élus, responsables politiques, journalistes, hommes de culture et plus encore citoyens et électeurs. Ne laissons pas la haine et la peur dicter leurs lois aux valeurs de la République ; entre une construction commune et solidaire et un repli mortifère, sachons combiner nos refus et nos choix pour porter et faire vivre les valeurs républicaines et humanistes de liberté, d’égalité, de fraternité, de laïcité, de dignité et de justice. Elles seules sont garantes de la paix civile et de l’avenir.

LDH, LICRA, MRAP, SOS Racisme 20 septembre 2015

 


 

Ce 7 octobre: Rencontres Varian FRY à Marseille

rencontres autour de Varian FRY
 
 
le 7 octobre prochain
 
de 16 à 19 h
 
 
Conférences de Jean-Michel GUIRAUD
Président de l’Association Varian Fry – France
et du Professeur  Jean Marie GUILLON
 
Cité des Associations
Salle Phocea
93 La Canebière
13001 Marseille
 
 
et
Exposition FRY
présentée du 28 septembre au 10 octobre 2015.
 

Cette manifestation est réalisée en partenariat avec la Ville de Marseille et l'INA Méditerranée.

RENCONTRE FRANCO-ALLEMANDE sur la division Brandenburg: 17 octobre à Eygalades

L’ Association pour la Mémoire de la Résistance et de la Déportation (“Mémoire Résistance HB”) dans les Hautes  Baronnies et des Familles des Martyrs du Maquis d’Izon

organisent la

RENCONTRE  FRANCO-ALLEMANDE

sur la division  Brandenburg

samedi  17 octobre  2015

Mairie d’Eygalayes  26560

La division Brandenburg, unité régulière de la Wehrmacht, s’est livrée à de nombreux massacres pour détruire les Maquis, foyers d’insécurité pour les troupes allemandes, dont les états-majors savaient, en 1943-44, que les Alliés pouvaient débarquer d’un jour à l’autre.

De nombreux massacres furent commis dont les Maquisards furent les victimes par dizaines. Ces massacres furent autant de crimes contre l’Humanité, peu, voire pas du tout, punis. Ce fut le cas pour le massacre du Maquis d’Izon. 

Nous voulons, avec nos amis allemands engagés comme nous dans un travail de Mémoire des crimes nazis, en France et en Europe, faire connaître ces actes criminels commis par une armée régulière. Nous voulons aussi signaler l’enrôlement volontaire de Français dans cette unité. Ils sont 40 sur 60 lors de l’attaque du Maquis d’Izon le 22 février 1944.

Nous voudrions réunir le maximum de personnes intéressées par cette question.

Nous ne cherchons pas la vengeance. Notre objectif n’est pas de faire emprisonner quelques militaires, qui, s’ils vivent encore, sont trop âgés pour être punis comme ils auraient dû l’être immédiatement après la guerre.

Mais nous voudrions signaler l’impunité dont tous ont bénéficiée. La Légion Etrangère Française a su récupérer beaucoup d’entre eux pour les guerres françaises au Vietnam, à Madagascar, en Algérie. Combien de ces criminels français et allemands, in fine, ont eu le titre de ‘’Mort pour la France’’ ?

Longtemps, et encore aujourd’hui, à la satisfaction des milieux militaires traditionnels allemands, la fable de la participation de la Waffen SS et de la Milice Française au massacre du Maquis d’Izon et peut-être ailleurs, a permis d’occulter la responsabilité de l’armée régulière allemande.

Dans le même temps, des Allemands antifascistes engagés dans la Résistance en France, n’ont toujours pas bénéficié d’une reconnaissance plus que méritée.

Nous vous invitons à participer et à intervenir lors de cette rencontre.

Robert PINEL, Président

mémoire.resistancehb@orange.fr 

Courrier : Mémoire Résistance HB Mairie de 26560 Eygalayes

Tel : 0033 (0)4 75 28 43 39     Courriel : memoire.resistancehb@orange.fr

Mémoire Résistance HB

Association pour la Mémoire de la Résistance et de la Déportation

dans les Hautes  Baronnies et des Familles des Martyrs du Maquis d’Izon

Siège social : Mairie de 26560 EYGALAYES

Déclarée N° W262001088 Sous-préfecture de Nyons – Journal Officiel du 06.09.08 n° 594 – SIRET 52148187900018

Habilitation à délivrer des reçus fiscaux DGFP26 25.07.2014

 

Rencontre franco-allemande sur la division Brandenburg

Salle des Fêtes de Ballons (26560)  

Samedi 17 octobre 2015

PROGRAMME (au 22.09.15)

8 heures : Ouverture de la salle, accueil, café-thé-croissants

9 heures (précises si possible) : Ouverture de la Rencontre

          Salutations du président de Mémoire Résistance HB

          Salutations de la maire d’Eygalayes

          Salutations d’une personnalité.

Introduction par M. Jean-Marie GUILLON, professeur émérite d’Histoire contemporaine des Universités à l’Université d’Aix en Provence.

Intervention de M. Guillaume VIEIRA, professeur d’histoire à l’Université d’Aix en Provence.

Interventions de personnes diverses, françaises et allemandes spécialisées dans l’histoire de la Résistance et plus particulièrement de la Division Brandenburg (archivistes, associations d’anciens de la Résistance, Association de Mémoires). Projections de documents.

Débats libres.

11.45 – 12.30 :Déplacement au Mémorial d’Eygalayes pour un simple     recueillement(Transport prévu par minibus)

12.30 – 14. : Collation dans la salle de la Rencontre.

14. – 17h : Continuation des travaux

Conclusions par M. Jean-Marie Guillon.

Remerciements du président de Mémoire Résistance HB.

Il n’y aura pas de textes de conclusions ni aucune résolution. Seules les interventions seront reproduites après la conférence. Toutes les personnes qui auront préparé une intervention devront déposer un document écrit, ou (de préférence) enregistré sur une clé USB pour être immédiatement enregistré sur place.

17h : Rafraichissements et dédicace des ouvrages proposés.

 

NOTA : Ce programme, est susceptible de modifications et surtout de précisions quant aux intervenants. Des informations seront envoyées ultérieurement.

Frais de participation : (Collation et document envoyé ultérieurement)

25 € par personne ( 20 € pour les adhérent-e-s de ‘’Mémoire Résistance HB’’).

Hébergements : Les personnes qui voudront arriver le vendredi soir ou rester le samedi soir peuvent nous demander la liste des hébergements possibles.

 


 

MEMORIAL de Rivesaltes: "c’est l’image de la surdité, de la chape de plomb que l’on a mise sur la collaboration française"

Le site de Rivesaltes et, au second plan, le mémorial conçu par l'architecte Rudy Ricciotti.
OLIVIER AMSELLEM POUR "LE MONDE"

Après avoir réalisé le MuCEM, l’architecte Rudy Ricciotti
réalisera le mémorial de RIVESALTES
 
« Ces camps d’internement dans lesquels on a emprisonné des juifs, des républicains espagnols et des harkis. »
 
Rudy Ricciotti, architecte du mémorial de Rivesaltes :

« J’ai choisi d’affronter la violence cachée de ce lieu »

 
“Rivesaltes, c’est l’image de la surdité,
 
de la chape de plomb
 
que l’on a mise sur la collaboration française.”
 

LE MONDE | 25.09.2015 à 16h31 • Mis à jour le 29.09.2015 à 15h58 |

Propos recueillis par Jean-Jacques Larrochelle

 

L’architecte Rudy Ricciotti a remporté le concours pour réaliser le mémorial de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). L’auteur du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM), à Marseille, dit avoir été bouleversé par l’histoire du lieu.

Lire aussi : Mémorial de Rivesaltes : se souvenir des camps français

Pourquoi avoir voulu répondre ­au concours du Mémorial du camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) ?

Je réponds aux concours pour exercer mon métier. En revanche, je ne ferai jamais une prison. C’est le premier mémorial que je construis. J’avais déjà participé à un seul concours de ce type : le mémorial pour la guerre de 1914-1918 à Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais), que j’avais perdu et qui a été remporté brillamment par l’architecte Philippe Prost. Un mémorial, ça crée une situation un peu difficile à traiter. Ça n’est pas une tombe. Ça n’est pas non plus une maison des jeunes, ni un centre culturel 

Comment la demande sur le projet de Rivesaltes s’est-elle exprimée ?

Il n’y a pas eu de demande, d’aucune manière. Il y avait un programme de besoins qui était écrit, et puis après on se débrouille avec. Ensuite, on va voir le site et on se demande ce que l’on va bien pouvoir faire là. 

Et le site de Rivesaltes, justement, ­comment l’avez-vous ressenti ?

C’est un lieu désertique, battu par les vents. Un lieu qui n’existe pas à quelques centaines de mètres et que l’on découvre au dernier moment. J’ai été frappé par sa solitude, bien qu’il y ait quelques tracés de voiries quand on arrive sur place, et notamment dans l’îlot F [où est implanté le mémorial]. Je l’ai survolé en avion, et l’on voit très bien tout le carré du camp Joffre. On voit les îlots, on voit que c’est à l’autre bout d’un pays. Et pourtant, quand on le parcourt, c’est une terre invisible, qui disparaît dans le paysage. C’est gigantesque. C’est ce qui m’a frappé. Il s’est passé des choses là, sourdes, des choses muettes. 

C’est-à-dire ?

Rivesaltes, c’est l’image de la surdité, de la chape de plomb que l’on a mise sur la collaboration française. Il y a eu d’abord les républicains espagnols, à la suite de la « Retirada » [l’exode de 450 000 Espagnols fuyant devant les troupes franquistes en janvier et février 1939], puis, à la fin, il y a eu les harkis qui ont été accueillis. Harkis, qui n’égalent pas républicains espagnols, qui n’égalent pas juifs ou tsiganes. Il n’y a pas de parité.

Lorsqu’ils ont présenté le projet à l’assemblée nationale, j’ai entendu des élus dire : « Ces camps d’internement dans lesquels on a emprisonné des juifs, des républicains espagnols et des harkis. » Les harkis étaient hébergés, les républicains retenus, ou disons en rétention. Les juifs, eux, ont été triés par catégories d’âge, mis sur des quais, à devoir attendre jusqu’à 2 ou 3 heures du matin, pour être ensuite embarqués dans des fourgons à bestiaux. Deux mille cinq cents d’entre eux sont morts à Auschwitz ou à Dachau.

A quelle surdité faites-vous allusion ?

A cette époque-là, l’armée allemande n’occupait pas encore la région sud. Rivesaltes est le fruit de la collaboration exemplaire entre la préfecture, la gendarmerie et la SNCF, trois grands services de l’Etat. C’est bouleversant. La dimension que j’évoque à propos de Rivesaltes, c’est l’isolement et la surdité appliqués à un système. De la même manière que le site disparaît dans le paysage, la mémoire administrative française a effacé ses propres responsabilités exercées à 100 % dans l’« excellence ».

Ici, les Français ont fait du zèle. Ça donne envie de vomir, je n’en suis pas revenu. Ça n’était pas dans le dossier à l’origine du ­concours. Je l’ai appris très vite grâce à l’historien Denis Peschanski. Voilà les conditions : un terrain très plat et une amnésie, on ne peut pas dire involontaire, mais, au contraire, totalement volontaire. 

Comment répondre architecturalement à cela ?

Qu’est-ce que je vais faire ? Un bâtiment transparent ? Sombrer dans la niaiserie, la transparence comme illusion de la démocratie ? Je vais faire quoi ? De la fragmentation, sur le mode névrotique de la déconstruction ? Faire un projet sur le mode de l’ambition française, colonisé par les mythologies anglo-saxonnes, hollandaises, etc. Généralement, ça se passe comme cela quand on est un architecte citoyen de gauche, démocrate et non-fumeur.

Moi, j’ai choisi d’affronter la violence ­cachée de ce lieu. Le bâtiment est un monolithe de béton de 210 mètres de long, construit sur le seul endroit où rien n’avait été construit : la place d’armes, là où était le pouvoir. Rivesaltes était un camp militaire avant d’être un camp d’internement. Le point le plus haut du bâtiment correspond au point le plus haut des baraquements. 

Dans une présentation ancienne, vous expliquez que le bâtiment ne parle pas. Qu’est-ce que cela signifie ? 

Le bâtiment est la rencontre, l’incarnation de la rencontre que les Français, aujour­d’hui, n’ont pu faire avec la réalité de l’histoire de ce lieu, c’est-à-dire ce qu’on leur a interdit de savoir et de rencontrer. C’est pour moi la chose la plus importante. Ce bâtiment est la rencontre qui n’a jamais eu lieu, celle des Français avec l’histoire du camp. On est dans une métaphysique. Pour une fois, on est confronté à l’horizon métaphysique de la politique. Si le mot politique veut faire sens, il convient qu’il prenne ses responsabilités. Cette proposition architecturale est une prise de responsabilité exemplaire. Jusqu’à même sonder les scories non dites et absentes de cette violence propre à cette mémoire effacée.

De quelle manière le mémorial de Rivesaltes incarne-t-il cette responsabilité ? 

Il l’incarne par son côté Quasimodo enterré, fermé sur lui-même. Il est là pour prendre les coups à la place des autres. Pour les absents. Il faut bien que quelque chose incarne la responsabilité de la mémoire. S’il avait été fait en verre, il aurait été l’incarnation de la lâcheté la plus absolue.

Si j’avais été un vrai salaud, j’aurais fait un bâtiment transparent avec des menuiseries en Inox. Ou alors j’aurais pu faire de l’architecture minimaliste, japonaise, avec la bouche en cul-de-poule, de manière à ne pas rencontrer cette violence cachée.

Comment le bâtiment a-t-il été perçu par ceux qui l’ont découvert ?

Alors même que ce bâtiment ne cherche pas à fabriquer de la sympathie, assez étrangement et de manière assez inattendue, il fabrique beaucoup d’affect chez les gens. Ces derniers sont très respectueux, ils le ­reçoivent avec beaucoup de tendresse. J’ai pensé que tout le monde allait cracher ­dessus, éprouver de la haine, parce que c’est du béton, un monolithe de béton, un peu comme la pierre de Baalbek, au Liban, qui parle de la solitude de l’art de bâtir. Dans ce monolithe sans fenêtres qu’est le mémorial de Rivesaltes, la seule ouverture, c’est le ciel. Même les portes en façade sont en béton. A l’intérieur, il y a des patios d’où l’on ne peut regarder que le ciel. Il n’y a pas d’autres possibilités.

Pourquoi avoir choisi de n’éclairer le mémorial que par des ouvertures sur le ciel ?

Parce que c’est un lieu sans futur, un lieu sans espoir. Il n’y a pas d’autre espoir que de regarder le ciel. Observer les baraques, c’est une information qui n’est pas suffisante. S’il s’agit d’observer des tombes de jeunes soldats à perte de vue, oui. Quand on arpente le cimetière américain de Collevile-sur-Mer (Calvados), on est confronté à un horizon bouleversant.

Ce monolithe est enfoui dans le sol, comme une mémoire enfouie. Il émerge à peine. C’est une expérience lorsqu’on entre dedans. Ça n’est pas comme quand on entre dans un bâtiment du XIXe siècle. On y entre par un parcours souterrain. Derrière sa violence apparente, le lieu en réalité, dégage une tendresse. Il suscite énormément d’empathie. Le MuCEM, à Marseille, qui, lui aussi, est en béton, dégage une sympathie phénoménale. Le mémorial de Rivesaltes, c’est l’anti-MuCEM.

Pourquoi l’anti-MuCEM ? 

Parce que le MuCEM est dans une dématérialisation. Il est dans une certaine physi­calité et même un certain érotisme. Alors que Rivesaltes, c’est une pétrification, telle que, finalement, on oublie qu’il s’agit d’architecture. Et on se dit : qu’est-ce qui se passe ? De manière intuitive, les gens sont portés par une expérience spatiale où ils font cette rencontre qui n’a jamais eu lieu. Même des gens qui ne connaissent rien à l’architecture sentent ça, de manière très respectueuse. Ils sont au garde-à-vous.

L’élaboration du projet a-t-elle été ­difficile ?

Non. Je ne suis jamais dans la souffrance. Je ne suis pas vraiment un architecte français, parce que je ne me plains jamais. Je suis quelqu’un qui se bat, qui combat.

Pensez-vous que l’histoire du camp de Rivesaltes puisse trouver un écho dans l’actualité d’aujourd’hui ?

Un journaliste algérien, lors de la conférence de presse à l’Assemblée nationale, avait déclaré que « Rivesaltes hier, c’est Sangatte aujourd’hui ». Personne n’a bronché, tout le monde a opiné. J’ai pris le micro et j’ai dit : « Pardonnez-moi, mais quand on quitte Sangatte, c’est pour aller dans un autre pays ; lorsqu’on quittait Rivesaltes, c’était pour aller au four. » Et j’ai fermé le ­micro. Silence de mort dans la salle.

Pourquoi faut-il être, à un moment donné, raide dans ses bottes pour se faire comprendre ? Comment se fait-il qu’il y ait des glissements sémantiques qui font de nous, par une gestion altérée de la mémoire, finalement des collabos. Ne pas être carré sur la gestion de la mémoire, c’est être collabo. Pour en revenir à la réponse architecturale, je souhaitais que les choses soient radicales. Et on pourrait chuter par l’expression : ni pardon ni oubli. Ce projet m’a bouleversé quand j’ai compris ce que l’on avait fait, nous les Français. On se dit que c’est monstrueux.

  • Jean-Jacques Larrochelle
    Journaliste au "Monde"


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