Ce samedi 7 décembre 2013 : dixièmes rencontres de l’OLPA “LAICITE en pratique”

L'Observatoire de la Laïcité de Provence
organise
ce samedi 7 décembre 2013 à 10 h
 
à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’’Homme, ( rue du Château de l’Horloge à Aix-en-Provence)
les dixièmes rencontres de l’OLPA “LAICITE en pratique”
 
Accueil café et viennoiseries à partir de 9h  

Le matin: projection du filmLA SEPARATION

Pour s’’inscrire au repas de midi : secretariat@observatoirelaicite13aix.org

Le 7 décembre 1940 : il y a 73 ans Jean ZAY arrivait à Marseille

Notre but principal consiste à d’honorer et entretenir la mémoire de la vie et de l’oeuvre pédagogique de l’ancien ministre Jean ZAY qui fut en charge de l’Education Nationale et de la Culture de juin 1936 à septembre 1939.
 
Grand défenseur de l’école publique et laïque, résistant, il fut condamné à la déportation par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand aux ordres de Vichy, emprisonné à Riom jusqu’au 20 juin 1944 où des miliciens viennent l’arracher à sa prison pour l’abattre dans un bois. 
 
 
Il y a 73 ans à Marseille:
 
 
Condamné par la justice de Vichy le 4 octobre 1940 à la déportation et à la dégradation militaire (même sanction que Dreyfus ), Jean ZAY arrivait au Fort Saint-Nicolas à Marseille le 7 décembre 1940... en route vers l’ile du Diable en Guyane, “lieu ordinaire de déportation” 
 
Jean ZAY écrit dans “Souvenirs et Solitude [Ed Belin], (p.23):
 
7 décembre [1940]
A 4 heures du matin, sous la conduite d’un lieutenant de gendarmerie, que renforcent un brigadier et deux gendarmes – je ne me savais pas si dangereux-, j’ai quitté Clermont-Ferrand.
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La Guyane ! C’est le lieu ordinaire de la déportation. L’île du Diable ! Quelle brusque évocation [C’est à l’île du Diable que fut déporté le capitaine Dreyfus en 1895.] Depuis mon  procès, terminé le 4 octobre par une peine politique, dont le choix constituait un aveu, personne n’a supposé qu’on songeât à me déporter effectivement. Partait-il encore des bateaux pour le colonie ? Ne risquaient-ils pas d’être interceptés ? Vichy semblait embarrassé de son prisonnier; je me croyais oublié dans ma cellule de Clermont-Ferrand. Pourquoi se détermine-t-on soudain à exécuter cette anachronique condamnation ?
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On me conduit directement au Haut-Fort Saint-Nicolas qui, juché sur un piton, domine sans grâce le Vieux-Port. Il y souffle une bise glacée. Fit-il jamais si froid à Marseille ? Le directeur, corse et capitaine, me laisse entendre que c’est par faveur qu’il ne me fait pas raser les cheveux et fouiller à corps. Mais on me dépouille de mes livres, de mon stylo, de mon tabac, de mon rasoir, de ma montre et on m’enlève jusqu’à mon alliance... Comme je proteste contre un pareil traitement, en tout état de cause illégal, le directeur élargit les bras, dans un geste indéfinissable qui veut exprimer l’impuissance, mais révèle surtout une secrète satisfaction: “Ne vous plaignez pas, dit-il, vous allez avoir une cellule toute neuve.”
 
Nous traversons quelques cours, où tournent en rond des prisonniers transis, et nous arrivons, de l’autre côté du fort, sur le flanc nord, exposé au mistral et aux rafales maritimes, à la “Cour Nord”. C’est un quadrilatère dallé, fermé de murs interminables, et sur lequel s’ouvrent douze cellules [ le plan ci-dessus n’indique que 10 cellules face au Nord]. Elle sont neuves, en effet. La mienne mesure environ trois mètres sur cinq. Elle ne comporte point de lit, mais un bat-flanc avec une paillasse, un “sac à viande” et trois couvertures,  une tablette de fer scellée au mur, un tabouret: le cachot classique. PMas de feu naturellement. Comme je n’ai rien mangé depuis le matin, on m’apporte une gamelle d’eau chaude où flottent des légumes gélatineux. Je n’y puis toucher. Quant on referme la porte de fer, et comme il n’est guère que 4 heures, je m’aperçois qu’une obscurité presque complète règne dans ce réduit: c’est qu’il n’y a point de fenêtre, seulement un étroit vasistas près du plafond et le verre grillagé en est dépoli.
 
8 décembre [1940]
Je n’ai point dormi, grelotant de froid et cherchant vainement à retenir sur moi les couvertures trop étroites. La “cour nord” est un entonnoir où tourbillonne un vent glacial [ voir le plan ci-dessus] qui pénètre à son aise sous la porte et par le vasistas disjoint. Comme je m’assoupissais tout de même vers 6 heures du matin, j’ai été réveillé par de terribles coups de clé, qui résonnaient longuement sur les ferrures de la porte; c’est la ronde du réveil. Pas de café. Pour toute nourriture une gamelle comme celle d’hier, à 9 heures du matin et une autre à 3 heures du soir. Elles sont immangeables. On me les passe per le guichet percé dans la porte. J’aperçois donc confusément, quelques secondes, un visage humain, mais, comme on a prévenu le gardien que j’étais “au secret”, il ne m’adresse pas la parole. Si je lui demande l’heure, il referme le guichet sans répondre. On me remet une cuillère en même temps que la soupe, mais, en reprenant la gamelle vide, quelques instants plus tard, on reprend également la cuillère qui doit demeurer accrochée à un clou extérieur. Cet instrument est jugé dangereux. Heureusement il y a une cruche d’eau et c’est tout ce que réclame ma fièvre naissante.
 
9 décembre [1940]
 
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Sous la surveillance d’un ex-adjudant corse – tout le personnel serait-il corse ? – qui dissimule mal sous sa pèlerine un énorme et ridicule pistolet d’opéra-comique, j’ai maintenant droit à deux “promenades” par jour: une heure le matin, une heure le soir. Elles ont lieu dans la cour qui sépare les deux rangées de cellules. Mais il faut le pas accéléré pour supporter le vent et les rafales de neige. Encore est-ce une faveur, parait-il, car, d’ordinaire, les prisonniers ne doivent prendre l’air que dans un emplacement de deux mètres sur trois à peu près, à ciel ouvert mais ceint de murs bas, qui précède chaque cellule comme une antichambre dérisoire. Il est impossible de s’y mouvoir à moins de tourner sur soi-même. Le surveillant, qui me parle parfois à la dérobée, jetant ses paroles comme une aumône, déclare que certains détenus ont habité de longs mois la '”cour nord”, quelquefois plus d’un an, mais le cas est rare, car c’est en principe la cour des condamnés à mort. Quand ils en sortaient, ils chancelaient, ne pouvaient plus placer un pied devant l’autre. Chaque année on compte un ou deux suicides.
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Aquarelle du Fort d’Entrecasteaux.

Aquarelle du Fort d’Entrecasteaux (haut Fort St Nicolas), aimablement fournie par ACTA VISTA, chantier d’insertion et de formation aux métiers du patrimoine. www.ac

Plan du Fort avec sa Cour Nord

Plan du Fort d’Entrecasteaux (haut Fort St Nicolas) , aimablement communiqué par Isabelle Guérin-Cazorla, Architecte du Patrimoine

Souvenirs et solitude

Cour Nord

La cour Nord le 18 octobre 2013 avec traces des murs d’ anciennes cellules démolies après guerre.

Vue sur le Vieux-Port depuis d’autres cellules situées plus haut.

Marseille, parcours historique: "se souvenir des heures sombres 1940-1944"

Marseille, se souvenir des heures sombres”
 
  "Ici-même"

"Ici même" est un projet culturel en forme de parcours historique  qui revient sur la vie dans le grand port à l’époque de la seconde guerre mondiale.”

 
En suivant le Pr. Robert MENCHERINI et Ulriel FUCHS, nous pourrons suivre pendant toute l’année 2013 les marquages au sol indiquant les lieux symboliques:

Ce 23 décembre 2013: à 15h "Jean Zay, quand la gauche essayait" dans Là-bas si j'y suis par Daniel Mermet

Sur France Inter:
 
Ce lundi 23 décembre à 15h
 
 
 
 

"Jean Zay, quand la gauche essayait",
 
 
un reportage d’Anaëlle Verzaux
 
 
 
“On connait un collège, une rue Jean Zay, mais guère plus. Depuis des années des fidèles, des chercheurs, des enseignants, s’efforcent de faire connaitre et reconnaitre Jean Zay, assassiné à 40 ans, en 1944 par la milice de Vichy. Il fut le très jeune ministre de l’Éducation Nationale et des Beaux Arts du Front Populaire, en 1936, à 32 ans.”
 
 
 
 
 
 
Rediffusion ce jour :
15:00
 
 
 
 
 
“Jean Zay, quand la gauche essayait”
 
 
 
 
 
 
 
dans l’émission “Là-bas si j'y suis” par Daniel Mermet
 
En l'espace de trois ans (1936-1939) il allait non seulement créer le festival de Cannes, mais aussi le Musée de l'Homme, le Musée d'Art Moderne, il allait organiser l'exposition universelle de 1937, lancer la cinémathèque française, rénover la bibliothèque nationale, restaurer le château de Versailles et la cathédrale de Reims, fonder le CNRS et même l'ENA, instaurer l'obligation scolaire jusqu'à 14 ans, imposer l'éducation physique à l'école, la médecine préventive scolaire...

De "Gringoire" à "Je suis Partout", la presse de droite et d'extrême droite s'est acharnée sur « Zay le Franc-maçon » le « bolchévique » mais surtout sur « le juif Zay ». En 1940 il est arrêté par Vichy, emprisonné jusqu'en 1944. Le 20 juin des miliciens viennent le chercher dans sa prison l'abattent et le jettent dans un ravin. Son corps ne sera identifié qu'en 1948.

Aujourd'hui une évocation de Jean Zay avec ses deux filles, l'une née en 1936 dans l'effervescence du Front Populaire, l'autre en 1940, lorsque son père est emprisonné. Le parcours d'un homme de gauche au temps où « la gauche essayait ».

Reportage Anaëlle Verzaux.

Auschwitz - l'espoir après la terreur

Auschwitz - hope after terror. © (c) C. Puisney / Wiki C.

Les 50 ans du Procès d'Auschwitz

20 décembre 2013 | Par Kai Littmann - Mediapart.fr
 
Noël, d’ailleurs, est une excellente occasion pour se souvenir – il ne suffit pas de vouloir la paix pendant trois jours dans l’année, il faut prendre conscience qu'il faut rester vigilant tous les jours pour que cette tragédie ne puisse jamais se répéter. Et on devrait y penser lorsque nous opprimons des gens dans nos pays parce qu’ils viennent d’ailleurs et parce qu’ils sont différents.”
 
L’Allemagne pense ces jours-ci au 20 décembre 1963 – ce jour-là, s’ouvrait le «Procès d’Auschwitz» à Frankfurt, un des moments les plus pénibles dans la conscience collective allemande. Seulement 18 ans après la fin de nazisme, 211 survivants du camp de concentration d’Auschwitz témoignaient contre 22 personnes portant des responsabilités à des degrés différents pour l'assassinat de centaines de milliers de victims des nazis : juifs allemands et européens, roms, homosexuels, prisionniers politiques et d'autres.

Le procès avait été initié par le procureur général de Frankfurt, Fritz Bauer
. Bauer, issu d’une famille juive ayant réussi à quitter l’Allemagne à temps, était rentré après la guerre et fut rapidement considéré comme le «mouton noir» de la justice allemande, une justice qui moins de 20 ans après la guerre, était encore dominée par des juristes ayant déjà servi les nazis. Menaces de mort, pressions de toute sorte – Fritz Bauer menait un combat solitaire. Animé par la volonté de faire connaître la vérité au monde, il organisait un procès géant.

Pour les 211 survivants, le témoignage était un supplice. Face à face avec leurs tortionnaires, ils vivaient le cauchemar suprême une deuxième fois, comme en témoignent
les enregistrements audio de ce procès qui sont difficiles à supporter. Encore plus insupportable était l’attitude des accusés. Laissés en libertés, ils se baladaient devant le tribunal, en riant et en blaguant et aucun mot d’excuse, aucun remord ne leur échappait pendant le procès. La politique voulait s’y meler, à une époque où comme la justice, la politique aussi était encore sous l’emprise des vieux réseaux nazis qui fonctionnaient encore avec une terrible perfection allemande.

Fritz Bauer, qui avait déjà donné les informations permettant aux services secrets israélien l’enlèvement et l'organisation à Jérusalem du  procès d’Adolf Eichmann dans les années 50, ne lâchait pas prise. Et au fur et à mesure que le procès avançait, au fil des témoignages plus traumatisants les uns que les autres, l’attitude du tribunal changeait. L’intensité et l’émotion et aussi la cohérence des témoignages montraient clairement que les témoins disaient la vérité, tandis que les mensonges des accusés s’écroulaient progressivement.

Le tribunal de Frankfurt avait même recours à une mesure difficile. A un moment où la Pologne et l’Allemagne n’entretenaient pas de relations diplomatiques, la Pologne autorisait le tribunal à venir enquêter pendant trois jours à Auschwitz. Lors de cette visite du lieu du crime, le tribunal pouvait confondre les responsables. Ainsi, le commandant adjoint du camp Robert Mulka avait toujours maintenu de ne pas avoir été au courant de l’assassinat systématique des détenus – sur place, le tribunal pouvait constater que la fenêtre du bureau de Mulka donnait directement sur une chambre à gaz et un four crématoire. Mulka a été condamné à la perpétuité.

L’auteur américain et époux de Marilyn Monroe, Arthur Miller, qui observait le procès, notait : «Ils pourraient être l’oncle allemand de n’importe qui», s’étonnant du côté quelconque de ces bêtes sanguinaires. Miller s’étonnait également de «cette tendance de collapser moralement et physiquement devant des ordres», s'interrogeant s'il s'agissait là d'un trait de caractère typique des Allemands. Les accusés, dans leurs rares déclarations, avaient toujours fait valoir d’avoir agi sous des ordres, acceptant par ce biais de devenir des petites et grandes roues dans une machine à tuer comme l’humanité ne l’avait jamais connu avant.

En Allemagne comme ailleurs, les gens n’aiment pas trop de souvenir de ce genre de date, surtout pas à quelques jours de Noël. Pourtant, il est tellement important de se souvenir des visages des victimes de cette horreur, des atrocités et barbaries commises par des êtres humains, pour comprendre ce que c’est que le fascisme. Il ne faut jamais oublier les mécanismes qui conduisent des gens «normaux» à devenir des monstres, qui transforment le voisin en un bourreaux dépourvu de toute humanité, pour ne jamais plus suivre ces séducteurs extrémistes qui stimulent la haine et par la suite, la violence.

Noël, d’ailleurs, est une excellente occasion pour se souvenir – il ne suffit pas de vouloir la paix pendant trois jours dans l’année, il faut prendre conscience qu'il faut rester vigilant tous les jours pour que cette tragédie ne puisse jamais se répéter. Et on devrait y penser lorsque nous opprimons des gens dans nos pays parce qu’ils viennent d’ailleurs et parce qu’ils sont différents.

Les idées ayant mené à cette catastrophe, existent toujours. Et tant que ces idées existent encore, il faut continuer à commémorer ces dates peu joyeuses. Ah oui, Fritz Bauer, contrairement à bon nombre de vieux nazis, n’a jamais reçu la moindre distinction de la part de la République Fédérale. Il est mort dans des conditions jamais élucidées et mystérieuses – le dossier a été clos avec la conclusion «suicide».
 

Invitation "La Liberation de Marseille" - Assemblée générale le 22/1

Nous avons le plaisir de vous convier à une réunion qui aura lieu

mercredi 22 janvier 2014
à la Salle des Mariages de la Mairie de ROUSSET, place Paul Borde
 
Pour commémorer en cette année 2014 le 70ème anniversaire des Débarquements de Normandie et de Provence et la Libération de Marseille, nous commencerons à 18 h par la projection du film “La Libération de Marseille”  présenté par son réalisateur Grégoire Georges-Picot: